La coutume d’allumer des feux de joie, en signe de réjouissance, remonte à l’Antiquité. Sous l’Ancien Régime, ils étaient fréquents à Paris, et notamment lors de la Saint-Pierre, dans la cour du Palais, sur l’île de la Cité, et lors de la Saint-Jean, place de Grève, près de l’Hôtel de Ville. L’annonce d’une victoire, la naissance d’un prince, un mariage royal et, bien sûr, la fête du roi, étaient aussi célébrés par de tels feux. Au cours du XVIIe siècle, ils furent peu à peu remplacés par des feux d’artifice qui prirent, au XVIIIe siècle, une ampleur extraordinaire, devenant le point culminant de réjouissances qui pouvaient durer plusieurs jours, avec concerts, joutes, festins, distributions de vin, bals, etc. ; ils étaient tirés depuis des décors éphémères d’une extraordinaire richesse, souvent conçus par des artistes de renom, qui disparaissaient dans un embrasement final spectaculaire.
La plupart de ces spectacles pyrotechniques avaient lieu sur la Seine, face à l’Hôtel de Ville, devant le Louvre ou devant la place Louis XV (actuelle place de la Concorde). Les Parisiens se souvinrent longtemps du feu d’artifice tiré face au Louvre, le 29 août 1739, à l’occasion du mariage de la princesse Louise-Élisabeth (Madame Première), fille de Louis XV, avec l’infant Philippe d’Espagne ; il ne fut surpassé que par celui du 21 janvier 1782, tiré à l’occasion de la visite officielle de Louis XVI et Marie-Antoinette à l’Hôtel de Ville, après la naissance du dauphin. Le décor, particulièrement spectaculaire dressé à cette occasion, frappa tellement les esprits, qu’il inspira largement celui installé, presque 30 ans plus tard, à l’occasion du mariage de Napoléon et Marie-Louise, le 10 juin 1810.
En France, 1606 est un tournant pour les feux d'artifice. En effet, ils sont indissociables des fêtes de la cour.
°Sous le règne de Louis XIII (1610-1643)
1612 fut l'année du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche à la Place Royale, désormais Place des Vosges. Les feu d'artifice tiré en cette occasion, est connu comme l'un des premiers feux royaux agrémenté d'un décor d'architecture, de chorégraphies et placé en un espace vaste pour avoir une audience plus large.
°Sous le règne de Louis XIV (1643-1715)
Le feu d'artifice appartient au cérémonial régi par l'étiquette (évènements codifiés , dictés par la vie officielle).
A partir de 1660, on utilise moins de machines car la conception des feux évolue. Les décors sont fixes et l'on profite des reflets qu'offre les bassins. L'on veut se fondre dans le cadre de l'environnement.
Cependant, le feux versaillais se construit autour d'un décor d'architecture immobile, richement orné de sculptures et de peintures. L'usage d'illuminations (chassis de toile peinte ou en papier huilé éclairé à l'arrière par des terrines) se propage afin de rehausser le spectacle et lui apporter des couleurs qui n'apparaîtront que deux siècles plus tard.
L'âge d'or : entre 1664 et 1682 (25 feux)
A l'époque du roi Soleil, les artificiers voulant provoquer la surprise des hôtes, n'attendaient pas la fin de leur repas pour lancer les premiers feux. Ainsi, ceux-ci, sursautaient à cause du bruit et se précipitaient au jardin, qui se trouvait à l'opposé de l'endroit où ils se trouvaient.
Le bruit «procure une frayeur délicieuse au spectateur». Il est obtenu à l'aide de boîtes d'artifice et parfois agrémenté de bruits de canons sur le canal. Au début d'un feu, on a le lancement de «fusées d'honneur» qui sont plus sonores que visuelles. La France à cette époque, n'utilise pas beaucoup la musique. On a alors un contraste intéressant entre les sons mélodieux des instruments de musique et le bruit assourdissant des explosions de feux d'artifice.
Les feux nautiques sur le canal : le feu d'artifice est tiré depuis une gigantesque machine construite sur des bateaux et conduite lentement depuis le milieu du canal jusqu'à sa tête. Cependant, il y avait des imprévus, des accidents, les artificiers étaient très exposés.
Louis XIV affirme sa magnificence en présentant un feu d'artifice à des souverains ou ambassadeurs étrangers en fin de soirée.
On note les dangers importants. Le roi et sa famille étaient protégés par des espèces de grillages devant les fenêtres. La poudre et les fusées pouvant mal retomber, les accidents sont fréquents chez les artificiers. Les feux peuvent manquer soit à cause des artificiers, soit à cause des conditions météorologiques. Des incendies peuvent alors se déclarer.
Sous le règne de Louis XV un feu d'artifice dure entre 15 et 30 minutes alors qu'en Espagne, le temps est de plus d'une heure.
°Sous le règne de Louis XVI (1774-1792)
Le feu d'artifice donné pour le mariage de Louis XVI devint malheureusement mortel :
«Le feu d’artifice envisagé est reporté pour cause d’orage. Les festivités se poursuivront jusqu’au 30 mai, date du tragique feu d’artifice donnée sur la place de la Concorde. Spectacle qui fait 132 victimes. Funeste présage d’un règne tragique !»
A la fin du 18eme siècle, la France est endettée donc les feux d’artifices deviennent de plus en plus rares à cause de leur coût. Ils étaient alors seulement utilisés pour les mariages d’héritiers directs du roi et pour la naissance du dauphin en 1782.
Lorsque vînt la République, le peuple ose alors critiquer la famille royale qui s'était réservé les feux d’artifice. De plus, c’est la Convention de 1792 qui doit rembourser les dettes du gigantesque feu d’artifice du mariage de Louis XVI. Ce dernier était si fier qu’il avait demandé à son argentier: «Que pensez-vous de ma fête?»_ «Impayable, Sire», aurait répliqué l’argentier.
Le feu d'artifice, qui a été particulièrement en vogue en France au XVIIIème siècle, est devenu rare par la suite. Jugé trop coûteux, il était considéré sous la République comme un divertissement de privilégiés.